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l’affaire sougraine

hommes. Oui, ses petits enfants qu’il laissa un jour, pour se sauver avec sa honte et son déshonneur, ils sont des hommes aujourd’hui… Et que font-ils dans le monde où il les abandonna ?… Ceux qui en ont pris soin les ont-ils protégés fidèlement ? Vivent-ils pauvres, découragés, misérables, ou bien, dominant la fortune par leur énergie, se sont-ils fait une bonne place au soleil ?… Pauvres enfants !

Il les reverra. Après plus de vingt ans d’exil on peut bien retourner dans la patrie. La vengeance doit être satisfaite et l’expiation assez grande. Et puis, on n’a peut-être pas retrouvé le cadavre de sa femme… Et, si on l’a retrouvé, il n’a peut-être pas été reconnu… Qui peut l’accuser après tout, lui Sougraine, d’avoir tué sa femme ?… Il a été bon, trop bon, peut-être, et c’est ce qui l’a perdu. Il ne fallait pas retourner à St. Jean pour la chercher. On ne l’aurait pas accusé. Ses enfants auraient juré qu’il ne l’avait pas tuée. Ils ne savaient pas, eux, ce qu’il allait faire tout seul, la nuit, sur la rive où était restée leur mère… Si, encore, il n’avait pas fait la sottise d’oublier sa corde au cou de la malheureuse…

— Et puis Elmire dont le sioux l’avait cruellement