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l’affaire sougraine

— Riche, veuf, assez jeune encore…

Elle poussa un autre soupir, un soupir de satisfaction, cette fois.

Elle avait pensé voir s’écrouler sa magnifique demeure, disparaître ses équipages, ses toilettes, toutes les délices de sa vanité. Cependant une ombre traversa cette lueur : le spectre de Sougraine. Si l’Indien allait tenir pour le ministre ? Ils sont entêtés ces sauvages. Il ne voudrait pourtant pas troubler le repos de celle qu’il croyait être sa fille.

Madame d’Aucheron était très agitée ; elle se sentait menacée de nouveau. Ça ne finirait donc jamais cette alternative de quiétude et de terreur ? Elle regrettait bien d’avoir adopté cette enfant. C’est à cause d’elle qu’elle se voyait en butte à tous ces ennuis, à cause d’elle qu’un passé coupable se dressait tout à coup. Faites du bien maintenant, voilà la récompense. Elle avait presque envie de la haïr, cette jeune fille qui troublait sa sécurité et faisait soudre des remords éteints.

— Enfin, reprit-elle, avec l’accent du dépit, où est-il cet homme qu’il faut accepter à la place de l’honorable monsieur Le Pêcheur ?

— Tu ne le devines point ? cela m’étonne.

— Ce n’est toujours pas le notaire Vilbertin.