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l’affaire sougraine

frères, il vit quelques personnes entrer dans l’église du faubourg St. Jean.

— Les hypocrites ! murmura-t-il. Ne vaudrait-il pas mieux travailler que de venir pleurnicher devant des images ? Quoi d’étonnant qu’il y ait tant de pauvres ! Les protestants prient moins et travaillent plus, aussi, comme ils font de l’argent !… Ah ! mais, c’est elle ! ajouta-t-il, c’est elle ! et une étrange émotion serra sa poitrine.

Mademoiselle D’Aucheron entrait dans l’église.

Les riches, les heureux de la terre sentent peu, sans doute, le besoin de prier. La prière, c’est la supplication, c’est l’humiliation dans la poussière ; les malheureux seuls savent bien prier. C’est à eux aussi que la bonté divine se manifeste davantage.

Le notaire suivit la jeune fille. L’église avait un charme inconnu maintenant. Ce n’est pas Dieu qu’il venait y chercher, cet homme sensuel et impie, c’était une ivresse toute charnelle. Il s’assit dans un banc, en arrière de l’église, et après avoir porté des regards sceptiques sur les tableaux qui ornaient les murailles, sur les statues dorées rangées autour de l’abside, sur la lampe d’argent qui brûlait dans l’ombre comme