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Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/270

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l’affaire sougraine

— Tiens ! chère enfant, reprit madame D’Aucheron avec des airs câlins, j’ai à t’annoncer une chose qui va faire battre de joie ton petit’cœur.

— Ah ! rien ne peut me réjouir maintenant… vous le savez bien.

— Ces enfants, comme ils se découragent vite ! on dirait qu’ils n’ont pas l’avenir pour eux… Écoute-moi bien. Je ne suis pas une femme sans pitié comme tu pourrais le croire. J’ai un cœur de mère… et si j’ai contrarié tes desseins et tes vœux c’était pour avoir la paix avec mon mari. Une femme doit obéir aux volontés de son époux… Cependant, après des réflexions profondes, j’ai compris que je devais te protéger. La fortune, les honneurs, les plaisirs, c’est beau sans doute, et cela rend la vie attrayante ; mais quand il faut acheter ces divers biens au prix du bonheur de son enfant, une mère a raison de se dresser devant la volonté cruelle du maître, et de s’écrier : Frappe-moi, mais épargne l’innocente créature qui nous a voué ses plus pures affections…

Léontine, pendant ce préambule prétentieux, éprouvait de curieuses sensations : des rayons d’espoir traversaient les ténèbres de son âme comme des étoiles filantes sillonnent, à certaines époques, le ciel obscur, puis des craintes, des appréhensions