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l’affaire sougraine

— J’ai vu ce que les journaux en disent, répondit madame D’Aucheron.

— Comment avez-vous pu être trompée, vous surtout, mesdames, qui avez un instinct si merveilleux ?

— Nous ne faisons cependant pas métier d’épier les gens, répondit Léontine en souriant avec malice.

— J’espère, au moins, que vous ne faites pas, non plus, métier de protéger les scélérats en rupture de ban, reprit le ministre.

— Nous protégeons nos hôtes quelqu’ils soient, dit madame d’Aucheron ; mais nous nous efforçons de recevoir des gens honnêtes seulement.

— Ce serait drôle, continua le ministre, si nous allions découvrir Elmire Audet, maintenant… Elle se cache sans doute quelque part… qui sait ? elle est peut-être une grande dame aujourd’hui… une dame louée, aimée, admirée de tout le monde…

Il pouvait parler, le ministre, on ne songeait pas à l’interrompre, tant la surprise était grande chez madame D’Aucheron et sa fille. Une même pensée les atteignait au cœur :

— Il sait tout ; c’est fini…

Il revenait encore ce tourbillon noir : la honte,