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l’affaire sougraine

la grosse rente. Sa charité était une roue d’engrenage d’où l’on sortait parfaitement broyé. Il s’était marié pour avoir de l’argent. Sa femme eut la chance de mourir avant de le connaître. Elle s’endormit en paix après quelques mois d’illusions. Le beau père avait fait la sottise de la précéder dans un monde que l’on est convenu d’appeler meilleur. À son lit de mort il manda son gendre et lui parla longuement. Que lui dit-il ? Rien de bien agréable à coup sûr, car ce brave gendre fit une grimace significative et donna pendant longtemps libre cours à sa mauvaise humeur. Vilbertin cultivait une autre passion bien inoffensive, en apparence du moins : la passion de la chasse. Je me trompe, il ne la cultivait pas, il la réprimait à cause du plomb perdu et de la poudre qu’il ne fallait pas jeter aux moineaux. Pourtant, une fois l’an, elle se réveillait si vive qu’il ne résistait plus ; une fois l’an, toujours à la même époque, à l’époque des vents glacés et des neiges éclatantes, à l’époque des grands caribous fauves.

— Eh bien ! dit-il à l’ami qui entrait, comment vont les affaires.

— À merveille.