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l’affaire sougraine

d’empêcher l’arrestation de Sougraine. Il ne savait pas encore que le malheureux était pris. Il disait :

— Tu es tout puissant, puisque tu es ministre, interviens au plus vite, c’est moi qui t’en conjure. Il faut que cette homme reste libre ; il faut qu’il s’éloigne, qu’il s’en aille, qu’on n’en entende jamais parler.

— Voilà qui est curieux, par exemple, se dit le jeune ministre… Est-ce un coup monté ? On dirait qu’il y a entente entre le père Le Pêcheur et le père Duplessis. C’est tout de même singulier. Je voudrais bien l’empêcher d’être pris, ce chenapan de sauvage, mais il n’est plus temps. On pourrait peut-être lui faire prendre la clef des champs… Mais madame D’Aucheron aurait beau rire de moi. Allons ! que justice se fasse !

Une foule considérable suivait la rue St. Louis et s’engouffrait dans les ruelles qui conduisent aux anciens hôpitaux militaires, métamorphosés depuis plusieurs années en Palais de justice. À l’extérieur, la bâtisse a le même aspect triste, pauvre, désolé, avec sa couche d’enduit jaunâtre qui donne aux pierres une certaine harmonie de ton avec la rouille des vieilles ferrures ; à l’intérieur, des malades encore et encore des médecins.