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l’affaire sougraine

nêteté a des accents qui vont à l’âme et que ne saurait trouver le mensonge.

Quand on vit monsieur Lemieux prendre la défense de Sougraine, on se dit que le prisonnier serait sauvé s’il était possible qu’il le fut…

Messieurs Stuart et Vallée — ce dernier, un notaire fatigué de sa paisible profession qui s’était fait avocat — tous deux remarquables aussi, s’étaient joints à leur jeune confrère, pour l’assister.

M. Dunbar avait préparé avec un soin tout particulier l’acte d’accusation. Jamais son talent d’investigation, son esprit logique, sa vertu farouche ne s’étaient mieux affirmés. Il fit l’exposé de la cause au milieu d’un religieux silence :

— Il y a vingt trois ans, dit-il, une famille du nom d’Audet vivait heureuse malgré son indigence, au milieu de nos campagnes tranquilles, dans l’une de nos bonnes et chrétiennes paroisses, sur les bords de la rivière Batiscan. Le père, la mère, les enfants étaient unis par des liens sacrés que les années resserraient de plus en plus.

Une jeune fille, surtout, une jolie enfant de seize ans, faisait les délices de cet intérieur heureux. Un jour elle disparut, et les recherches pour la trouver furent vaines. Le deuil entra