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l’affaire sougraine

Mais il rencontra une résistance absolue de la part de M. D’Aucheron.

Alors il revendiqua publiquement mademoiselle Léontine comme sa fille. Ce fut un nouvel appât jeté à la curiosité publique. Les journaux promirent à leurs lecteurs de les tenir au courant de l’intéressant procès. On se disait cependant :

— Comment cela se fait-il ? madame D’Aucheron, dans son témoignage, a parlé d’un garçon, et non pas d’une fille… Il est vrai que la folie commençait…

Mademoiselle Léontine était tombée dans une profonde mélancolie. Elle n’osait plus sortir car la honte de celle qui lui avait servi de mère retombait sur sa tête. Elle songeait à mourir. Oh ! la mort, comme elle est douce et bien venue parfois ! Elle songeait aussi à entrer au couvent. Une autre mort. La mort au monde et à ses plaisirs… mais aussi à ses amertumes et à ses déceptions. Elle rentrerait au couvent pour s’y enterrer sous les voûtes saintes où l’on chante des cantiques à la louange du Seigneur, où l’on prie avec ferveur, où l’on pleure sans amertume. Il n’était pas raisonnable qu’elle fit porter à un homme aimé, le poids de ses chagrins et de ses