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LA CHAÎNE D’OR

Et sur sa pâle joue, et sur son front pensif
Parut, dans un rayon, un bonheur fugitif.
Elle s’en retournait. Il me vint une idée :
La coupe des chagrins n’est pas encor vidée
Pour cette pauvre enfant et ses parents honteux,
Si j’allais voir quelqu’un et demander pour eux ?

— Donne ta chaîne d’or, dis-je à la jeune fille.

— Oui, la voici, monsieur.

— Oui, la voici, monsieur. — Elle est lourde, elle brille,
Pensais-je en la faisant rebondir dans ma main.

Mon ami Jean lisait je ne sais quel bouquin ;
Je m’approche de lui, le touche sur l’épaule :

— Veux-tu faire une aumône ?

— Veux-tu faire une aumône ? — Une aumône ? Mon rôle,
Me répond-il, hélas ! serait d’en recevoir.

Je crus qu’il plaisantait. Je ne pouvais le voir.
Incliné sur son livre et tout à sa lecture,