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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

hurle Djos qui faiblit dans sa défense et se sent battu ; car il est coupable, non pas d’avoir prié, mais d’avoir rougi d’une bonne action. Et il continue : Je n’ai pas récité un mot de prière au Christ ou à la Vierge depuis que je suis en âge de raison !

— Bravo ! bravo !

Le blasphème, plus que le whisky enivre le pauvre garçon, et l’ivresse se communique à tous comme une étincelle électrique.

— Jure-le ! commande la voix nasillarde.

— Je le jure !

— Prends une formule solennelle ! ordonne l’ex-élève. Dis ainsi, Une main au ciel, et l’autre sur le cœur : Manus ad cælum ! Dis : que ma langue se dessèche dans ma bouche si je mens ! si mentior !

Djos, exalté par le dépit, honteux d’être ridiculisé par les siens, troublé par les vapeurs de l’alcool, lève la main gauche vers le ciel, met la droite sur sa poitrine, et dit :

Que ma langue se dessèche dans ma bouche si je mens !

L’ex-élève continue : Que le diable m’arrache, un par un, tous les poils du corps ! omnes poili corporis !