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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

La Louise entre. Sa toilette est faite en partie. Elle accorde un sourire à chacun des jeunes gens et leur donne la carafe. Le rhum coule, les verres résonnent comme une musique agréable aux oreilles des buveurs.

Le muet est resté dans un coin, une jambe sur l’autre, les bras croisés, la tête penchée sur sa poitrine : il rêve.

— Venez donc prendre un verre avec nous, lui dit Racette ; il ne faut pas avoir de rancune.

Le muet ne le regarde seulement pas.

— Viens donc, Djos, dit Picounoc.

Veni, Creator, ajoute l’ex-élève.

— Le muet ne bouge point.

— Est-il bête un peu ?

— Il en a une façon !

— Ne point parler, passe ! mais ne point boire, c’est incompréhensible !

— S’il ne veut pas venir, qu’il reste ! buvons !

Le liquide descendit dans les gosiers avides, comme les filets d’eau qui s’enfoncent dans les fentes des rochers.

— On serait bien si l’on avait des lits pour dormir, dit Poussedon.