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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

sa place sur le marché, invitant de la voix et du geste, les orgueilleux citadins à acheter les produits de la nature et de l’industrie.

Portant sur son dos une boîte énorme que retiennent des courroies de cuir passées en avant des épaules, un jeune homme sort de l’auberge de l’Oiseau de proie, et se dirige vers le marché. Il s’arrête près d’un porche où passe beaucoup de monde, déboucle ses bandes de cuir et dépose la boîte sur le pavé. Il l’ouvre, en tire plusieurs petites fioles qu’il enfonce dans les poches de son gilet, jette un coup d’œil scrutateur autour de lui, puis gravement comme un candidat qui monte sur le tréteau populaire, il monte sur sa boîte refermée.

— Que veut donc faire cet individu ? se demandent les habitants.

On ne connaissait pas encore, à Québec, l’éloquence du charlatanisme en réclame.

— Mesdames et messieurs, dit, d’une voix claire et légèrement impressionnée, le débitant de drogues que nous connaissons, mesdames et messieurs, approchez, venez ici, c’est la voix de l’humanité compatissante et chari-