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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

il eut honte de sa lâcheté. Il tomba à genoux et récita mentalement la prière angélique, suppliant sa sainte mère de le prendre en pitié.

Ses compagnons rient d’abord. Ils croient à une facétie et applaudissent. Le camp tremble sous les lazzis et les battements de mains. Le muet à genoux se frappe la poitrine. L’un des hommes de chantier, Picounoc, s’écrie : Le damné ! je ne le croyais pas si drôle !

Drôlus est ! dit l’ex-élève.

— C’est assez de singeries, lève-toi ! repart Lefendu.

— Tu nous fais mourir, farceur, ajoute Poussedon.

Djos, reste à genoux et pleure.

— Baptême ! hurle Picounoc, es-tu fou ?

— Il est saoul !

L’ex-élève lui donne une accolade avec le pied et le fait tomber en avant. Alors, le muet se lève et sort de la cabane. Ses camarades le voient s’enfoncer sous les grands pins chargés de neige, tête nue et sans capot. Plusieurs commencent à soupçonner quelque chose