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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

travers ses larmes, continue l’ex-élève… Si vous aviez vu l’expression de ses yeux !… Deux flèches de feu qui ont pénétré jusqu’au fond de mon cœur. Je lui demande ce qu’il fait. Il lève les yeux au ciel et se frappe la poitrine. Je le prie de revenir, il me fait signe qu’il va me suivre.

— Et tu crois qu’il fait cela sérieusement, demande le contre-maître.

— Oui, je le crois !

— On va rire tout à l’heure.

— Tiens ! le voici ! dit Sanschagrin qui venait d’entrouvrir la porte.

Tous les hommes s’avancèrent dans la porte ouverte. Djos entra. Il était pâle mais ne pleurait point. Les quolibets commencèrent à voler comme les premières étincelles d’un feu qui s’allume. Le muet n’y fit pas attention. Les plaisanteries redoublèrent. Il demeura impassible et se coucha sur son lit de sapin. De guerre lasse on se tut. Les uns crurent à une punition du ciel, les autres, à une boutade du joyeux camarade. Mais le soir vint et la nuit s’étendit sur les bois sombres ; puis le jour fit pleuvoir ses rayons sur les cimes des