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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

XXIV.

L’ÉGLISE DE LA BASSE-VILLE.


Quand le muet sortit de l’auberge de l’Oiseau de proie, où se trouvaient réunis les voleurs et son oncle Asselin, il était agité des plus poignantes émotions. Les paroles cruelles de son oncle retentissaient à ses oreilles comme un glas funèbre. Sa sensibilité d’enfant ne l’avait donc pas trompé, et lui le fils d’une sœur de cet homme sans foi, lui l’héritier d’une ferme superbe, il avait été traité plus mal qu’un intrus, plus mal qu’un enfant du crime. Nul châtiment ne lui fut épargné, et jamais une parole de louange n’encouragea ses efforts pour le bien : on l’abreuva de toutes sortes d’humiliations, et pourtant sa franche nature d’enfant se tournait vers le bien, comme la fleur vers le soleil. Une main coupable avait brisé la tige qui sortait d’un sol fécond pour porter de bons fruits ; une main infâme avait fait couler la sève vigoureuse du jeune arbre pour la remplacer par