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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

prière, lui, le misérable, il blasphémait le saint nom du Seigneur. Tout à coup, comme il passait vis-à-vis la côte des Chiens, il vit venir une calèche. Le soufflet en était relevé comme aux jours de pluie, et le cheval trottait dru sous les coups de fouet. La voiture passa comme une flèche, mais il put voir, de ses yeux de lynx, une femme et une enfant assises toutes deux en arrière, et il entendit un cri léger. La foudre l’eut frappé qu’il ne se fut pas arrêté plus subitement.

— Les malheureuses ! hurle-t-il ! les infâmes ! Et il s’élance à la poursuite de la calèche :

— Arrêtez-les ! crie-t-il, arrêtez-les !

Les gens se détournent pour voir et ne comprennent pas ce qu’il veut dire. Il rencontre un charretier, monte dans la voiture :

— Vite ! fais crever ton cheval s’il le faut…

— Où ?

— Rejoins la calèche qui vient de passer !

— Ce n’est point aisé !

— Malédiction ! vas-tu partir ? Fouette ! marche ! file ! en avant !

Le cocher ne se le fait plus répéter. Le fouet laboure les flancs du cheval qui bondit et s’é-