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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

se défendre d’une pensée d’orgueil : Que j’ai donc de l’esprit !… Au même instant la porte s’ouvre et le septième entre.

Le notaire que je viens de vous présenter se nomme Edmond Bégeon. Il n’est pas vieux et n’a pas l’air jeune. Il est petit et se perd dans sa barbe. Les responsabilités de la profession ont labouré son front : on dirait une vieille peau sur un jeune crâne. Économe jusqu’à la mesquinerie, il ne souscrit pas au livre nouveau, et va lire les journaux chez ses voisins. On l’emploie parce que le notaire Nolai est l’autre notaire de la paroisse.

Les sept personnes qui réclament ses services professionnels sont Pierre Leclerc et Jérôme Boulet, du Platon ; François Blanchet et Léon Pérusse, de la Vieille Église ; Gabriel Laliberté, du Petit St. Charles ; Jacques et Louis Boisvert de la Grande Côte. Ils s’assemblent pour nommer un tuteur aux enfants de Jean Letellier. Ils sont tous parents à divers degrés de Joseph et Marie-Louise, les deux orphelins. Le notaire s’assied à son bureau, prend sa plume d’oie et couche les préliminaires. Quand il a fini, il se tourne vers les parents et demande : Qui choisissez-vous pour tuteur des enfants de défunt