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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

souffre beaucoup. Quelquefois il pense : — J’apprendrai à écrire, et le moment d’après cela lui paraît impossible.

Noémie qui le voyait souvent, le trouvait bien à plaindre, et s’efforçait de lui être agréable : Il est si malheureux ! pensait-elle, et personne ne le console. Il est toujours seul : tout le monde semble le fuir…

Il se montrait bien touché de l’amitié de cette jeune fille.

Un jour, c’était le dix-septième après son arrivée, il la rencontre à la porte de la maison abandonnée et l’arrête. Il lui montre la chambre de sa mère, la croix pendue au mur, la place où se trouvait la table, et le coin où la grande horloge avait sonné les heures de joie et les heures d’amertume ; et, par mille gestes variés, il s’efforce de lui faire comprendre qu’il a vécu dans cette maison quand il était jeune ; qu’il a vu mourir, sur ce lit, une mère bien-aimée ; qu’il est tombé à genoux à son chevet, et qu’il a prié devant la croix.

La jeune fille ne comprend rien d’abord. Mais, peu à peu, rappelant, à son tour, les souvenirs de l’enfance, et quelques détails de