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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

beuglement joyeux et, trottant pesamment sur l’herbe, elles s’en viennent entourer Noémie qui leur donne sa main à lécher. Le lait coule dans la chaudière avec un bruit sonore, et l’écume blanche monte dans le vaisseau légèrement penché. Les génisses tranquilles ruminent en attendant leur tour.

Les voleurs, car c’étaient eux qui venaient par les champs, se dirent qu’un peu de lait apaiserait bien leur soif, et qu’une jeune fille, même au fond de la campagne, est toujours agréable à voir. Ils se dirigèrent vers l’endroit où venait de se réunir les bonnes laitières. Noémie ne les vit point venir. Plongée dans quelque rêve adorable comme la jeunesse en fait souvent, elle ne les entendit pas non plus. Elle fit un bond et faillit renverser sa chaudière, quand le charlatan lui adressa la parole.

— Mademoiselle, dit-il, nous marchons depuis longtemps, nous sommes altérés, et nous n’avons pas le temps de nous arrêter dans ce village ce soir, donnez-nous donc, pour l’amour de Dieu, un peu de lait.

La jeune fille se dressa toute rougissante : Messieurs, dit-elle, rendez-vous donc à la mai-