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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

fille aigre, maigre et surannée qui avait passé les plus beaux jours de sa vie au service de l’ingrat Asselin. Josepte n’avait pu supporter le coup, et s’était éloignée de la maison de son maître en apprenant son mariage.

— Vous vous mariez ? lui dit-elle ; vous faites cette folie ? Je ne peux pas le croire. Ne trouvez-vous pas que je tiens votre ménage assez bien ? Ne suis-je pas assez travaillante ? assez économe ? Est-ce que je ne sais pas couper à la faucille et faire le beurre mieux que personne ? Est-ce que…

— Oui, tout ce que vous me dites est vrai, répondit Eusèbe, et je ne vous renvoie point de mon service. Restez avec moi ; restez avec nous. Vous avez votre place.

— Avec vous, oui ! avec elle ?… par exemple !… Je ne suis pas accoutumée à servir les dames, ni à dorloter les enfants !

Elle avait une autre expression sur les lèvres. Elle fit son paquet et s’en alla, vers le soir, cacher son dépit chez une de ses cousines, au Portage. Ce fut Joseph qui la conduisit avec son coffre plein de linge, dans la petite charrette aux ressorts de frêne.