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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

tour, une jeune fileuse qui tournait le rouet d’un pied fiévreux…

Et quand même, reprit la mère Lozet, quand même cet homme aurait toute la beauté d’un ange, et toutes les qualités du monde, tu sais bien que des chrétiens ne devraient pas connaître ces choses-là.

— C’est bien dit, ça, la mère Lozet ; c’est ce que M. le curé nous répète souvent. Ah ! si la pauvre fille était venue plus régulièrement à la messe et au catéchisme ! Mais que voulez-vous ? Laissée à elle-même, avec une mère qui ne vaut guère mieux… Je ne médis pas, vous la connaissez comme moi…

— Oui, oui, on la connaît la Bergeron !… dirent toutes les autres à la fois…

— La malheureuse enfant, je la plains.

— Elle est bien à plaindre.

— Et qui sait ? il l’épousera peut-être.

— Se marier avec elle ? l’épouser ?… Ah ! c’est alors que l’amitié sera finie, et que le châtiment commencera.

— Des mariages de même, on en a vu, et vous savez quel enfer c’était.