Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

s’adossant, pour se reposer, à une chaloupe penchée sur le flanc, répond : Mes chers messieurs, que je souffre ! que je souffre !… Et il pousse un cri qui ressemble au hurlement d’un chien égaré — Je suis tombé, il y a quelques jours du toit de cette maison que vous voyez là, — il montre l’auberge de la Labourique, — et les docteurs m’ont dit que je n’ai rien de brisé… Ils m’ont laissé souffrir !… Vous voyez, messieurs, vous voyez ma jambe !… Est-ce que ce n’est pas démanché cela ? Ils disent que c’est la fièvre qui cause ce dérangement des jointures… et que cela va se passer.

— Comme c’est venu, je suppose ! ajoute le philosophe Deguirre.

— Plusieurs trouvent le mot drôle, et se permettent de rire. Le vieux écloppé repart en secouant la tête : Ah ! si vous enduriez mon mal, vous ne ririez pas, vous autres.

— La femme de Nazaire Filteau observe avec justesse : Il ne faut pas avoir de cœur pour rire devant un homme qui pâtit comme ça !

— Qu’avez-vous donc, brave citoyen ? demande à son tour, au vieillard, un jeune étranger qui semble passer là par hazard.