Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/129

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Le soir est venu, le jeune homme est tout trempé. Il tire son canot à sec, et se met à marcher pour ne pas refroidir, car l’air est froid. Il se dirige vers l’autre bout de l’ilet, curieux de connaître les malheureux pour lesquels il a risqué sa vie. Il marche pendant une vingtaine de minutes, tantôt sur les bords rocailleux, tantôt sous les broussailles humides. Les ombres descendent vite sur le fleuve. Il est tenté de rebrousser chemin, afin de repasser la rivière avant la nuit. Il s’arrête. Le fleuve, encore tourmenté, se plaint et brise sur les récifs et les rivages. Il croit distinguer un rire d’homme au milieu de ces plaintes immenses. Il avance davantage. Le même rire infernal jaillit comme un éclair dans le nuage. Il marche encore. Alors des voix distinctes arrivent à ses oreilles. Il écoute.

— Par tous les diables ! disait une voix, nous l’avons échappé belle ! Où serions-nous maintenant ?…

— Avec les poissons !

— Chez le diable !

— Un peu plus tôt ou un peu plus tard, cela importe peu, répondait une autre voix.