Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/152

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L’Ex-élève, rendu à lui par ces paroles de l’hôtelière voisine, traversa la rue.

— Entrez ! lui dit la vieille femme, entrez, monsieur Paul : la mère Labourique n’est pas rancunière. Vous venez ici parce que vous ne pouvez pas entrer là, n’importe ! Elle vous recevra encore comme autrefois.

— Où sont-elles allées ? le savez-vous ? demande l’ex-élève.

— Sainte Barbe ! si je le savais, je vous le dirais de suite… Je connais trop bien les tourments amoureux de la jeunesse ! j’ai été jeune un jour… et, ce n’est pas pour me vanter, mais je n’étais pas laide… j’avais de la vogue… j’ai fait faire des folies à plus d’un galant,… et ma foi ! j’avoue que j’ai aimé jusqu’à l’adoration ; mais j’étais difficile ; je choisissais la fleur d’entre les fleurs… je ne m’amusais pas au premier venu… et puis je n’étais pas obligée de me cacher ou de disparaître d’une façon mystérieuse, du soir au lendemain, et ma Louise, je l’espère, ne sera jamais dans la triste nécessité de disparaître ainsi.

— Mais on dirait, la mère, que vous connaissez quelque chose de répréhensible dans la conduite de l’hôtelière de La Colombe ou de sa fille.