Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/155

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drait apercevoir dehors, Emmélie ou sa mère et les saluer de loin. Il ne voit personne. Il attend une minute sur le perron avant de frapper. Un silence profond régnait à l’intérieur. Il frappe ; on lui dit d’entrer. À sa vue Emmélie qui se berce en cousant, devant une fenêtre, laisse tomber son ouvrage, et devient d’une pâleur livide. Elle ne peut se lever, ni parler. La mère salue d’un air triste, mais avec affabilité. L’ex-élève, dans l’embarras, balbutie quelques mots :

— Je ne vous croyais pas ici, mais encore à Québec.

— Québec ! répond la femme, je voudrais n’y être jamais allée !

— Comment ? Pourquoi donc ? demande l’ex-élève visiblement anxieux.

Emmélie se lève d’un brusque mouvement, porte son mouchoir à ses yeux et s’enfuie dans une autre chambre. Des larmes roulent dans les paupières de la mère.

— Mon Dieu ! dit l’ex-élève, je le vois, Emmélie ne m’aime plus !… Et moi qui venais avec tant d’espoir et de joie lui jurer que je l’aimerai toujours !