Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/186

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sonne ce qu’il connaissait de l’innocence de son pupille. Cependant sa discrétion n’avait servi de rien ; mille autres bouches avaient parlé ! La vue de Geneviève, devenue folle soudainement, lui causait une étrange inquiétude. Il soupçonnait un crime : on l’a dit. Il avait hâte de voir son beau-frère, et, tout en fumant, il se proposait de partir pour Québec le surlendemain. Sa femme n’était guère moins soucieuse. Les veilleux s’aperçurent de l’anxiété des maîtres de la maison et se disposèrent à partir. Picounoc, acceptant l’hospitalité que lui avait offerte Asselin, ne partit que le lendemain.

L’ex-élève aimait trop Emmélie pour la croire coupable et douter de sa sincérité. Son bonheur s’était un moment assombri, comme un ciel d’azur, quand monte la fumée d’un volcan. Mais le volcan s’était calmé : le tonnerre qui grondait dans ses entrailles avait fait silence.

À l’heure même où Picounoc prenait congé de M. et de Madame Asselin, le lendemain de la corvée, l’ex-élève, s’embarquant dans un léger canot, traversait le fleuve et venait aborder