Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/202

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Le soir venu, quand le bedeau prit les clefs pour fermer l’église, il sortit. Le curé l’attendait à la porte pour l’emmener au presbytère. Il était dans la confusion ; il voulut refuser ; mais le prêtre insista.

Le muet passa dans la méditation de la justice et de la miséricorde du Sauveur une grande partie de la nuit. Le lendemain de bonne heure, il se rendit à l’église. Il pensait dans son humilité :

— S’il plaît à Dieu de ne pas m’exaucer, que son saint nom soit béni ! j’aurai du moins accompli la promesse que j’ai faite à Sainte Anne, de venir, à son sanctuaire, la remercier de m’avoir sauvé la vie.

Il entendit la messe avec une édifiante piété. Il fit la communion. Un émoi mystérieux serrait son cœur. Son âme implorait la sainte dont l’intercession est si puissante auprès de Dieu. Il espérait que sa langue longtemps liée se débarrasserait tout-à-coup de ses chaînes invisibles, et que le châtiment de Dieu serait suspendu. Son espoir fut vain.

La foule des gens pieux qui était venus à la messe s’écoula sans bruit.