Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/217

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à la ville depuis dix ans, tu es le garçon de Jean Tellier, toi ?… je t’ai vu bien petit, tout petit… et comme te voilà grand et gros maintenant !… Tu ne me reconnais pas, moi ; j’ai vieilli, j’ai changé, le chagrin, les soucis…

Le pèlerin regardait attentivement le vieillard :

— Je crois vous reconnaître, dit-il, je me rappelle de vous. Vous êtes le père Ferron ?

— Eh oui !… eh oui ! Tu as bonne mémoire, reprend le vieillard.

— Je me souviens que nous allions, tout petits, vous voir ferrer les chevaux dans votre boutique. Vous êtes forgeron ?

— Je l’étais : maintenant je ne vaux plus rien, et je suis à charge aux autres : c’est mon garçon Jacques qui forge ; c’est à peine si je peux faire un clou.

— Et votre garçon Clodomir, qu’est-il devenu ?

— Clodomir ? oh ! il m’a causé bien de la peine celui-là.

— À moi aussi, quand nous allions à l’école ensemble.