Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/260

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gards foudroyants : — Vous vous associez à des voleurs, donc vous ne valez pas mieux qu’eux ! L’un de ceux qui sont venus avec vous au Château-Richer, Clodomir Ferron, que Dieu me pardonne si je médis, était l’un des voleurs qui se sont introduits ici l’été dernier ; je l’ai vu. C’est lui qui a demandé du lait à Noémie Bélanger, et qui l’a insultée en l’embrassant. Ils étaient trois ; ils m’ont lié, garrotté et traîné derrière la grosse roche, au milieu du champ de Beaudet. Ils m’ont ensuite mis dans une charrette et conduit à la grève, comme vous le savez. Clodomir est peut-être mort à l’heure qu’il est. Il porte la peine de sa faute. Voilà vos amis, vos compagnons, et vous voulez que je ne me défie point de votre amitié, de vos paroles ?…

Cette révélation jette l’émoi dans la maison. La surprise se peint sur toutes les figures et le maître d’école, foudroyé par l’audace du jeune homme, perd la sympathie des gens. Mais bientôt son hypocrisie raffinée prend le dessus ; il retrouve son sourire d’occasion.

— Il n’est pas encore prouvé que Clodomir Ferron soit un voleur, repart-il, et tu devrais songer qu’il a des parents et des amis ici, qui