Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/276

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sa bouche hypocrite d’un faux sourire, voilant sous une indifférence affectée la malice de ses yeux, la femme d’Eusèbe adressa quelques paroles bienveillantes au pèlerin qui se disposait à sortir, vers le soir, pour se rendre auprès de Noémie. Joseph, charmé de ce changement subit, se plut à causer avec sa tante. Elle en vint adroitement à lui parler de la magnifique sucrerie qui bordait le ruisseau : Tu ne la reconnaîtrais point, dit-elle, tant les érables ont grandi depuis neuf ans. Le bois est sarclé : on dirait un bocage. Les voitures pourraient circuler entre les arbres. C’est la plus belle érablière de toute la paroisse. L’été, les jeunes gens y vont faire des dîners champêtres. Ton oncle en a pris soin comme de son propre bien. Le ruisseau, nettoyé, coule une eau fraîche. Vas-y, cela en vaut la peine.

— Oui, ma tante, déjà je me suis proposé de faire une petite promenade de ce côté. J’aurais voulu y conduire Marie-Louise. Elle aurait trouvé joli ce ruisseau ; les grands bois auraient frappé sa jeune imagination…

— La cave est bien conservée, reprit la tante malhonnête ; tu te souviens de la cave à patates, sur la côte du ruisseau ?… Nous