Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/44

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Si j’avais voulu vous écouter, où en serais-je à cette heure ?

— C’est vrai ! répondit Bélanger, mais il faut qu’il soit bien fin pour jouer son rôle comme il l’a fait : il faut que le diable l’ait inspiré, pour avoir pu répondre à mes questions d’une manière si juste.

— Il s’était renseigné, avant de venir ici.

— Et cette douleur ? ces larmes ? cette affection pour tout ce qui appartenait aux défunts ?

— C’était de la comédie. Il y a de ces gens qui se transforment comme ils le veulent : ils prennent tous les airs, toutes les figures ; ils rient et pleurent en moins de temps qu’il en faut pour le dire, et l’on jurerait que tout cela est vrai, sérieux, naturel. Mais le bon Dieu n’a pas permis qu’il échappât. Remarquez-le, on dirait qu’il aveugle les scélérats, et qu’il fait commettre aux plus rusés des imprudences que les plus simples éviteraient.

Asselin n’épargna nul de ceux qui s’étaient constitués les amis ou les défenseurs de sa victime. Madame Asselin fut plus implacable encore.