Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/49

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facile. Il se délecte dans l’image de tes souffrances prochaines ; il se flatte d’être le favori de la fortune. Il n’est plus seul à te poursuivre. Comme le démon de l’Évangile, il est allé chercher des démons plus méchants que lui, s’il est possible, et tous ils viendront pour te surprendre ! Pauvre Geneviève, tu as raison de t’abandonner à la tristesse et de verser des pleurs !

Marie-Louise a vite oublié les événements dont le souvenir empoisonne l’existence de sa protectrice. Dans sa jeune âme les sensations ne se gravent que légèrement, et les images s’effacent vite. Les enfants sont comme le sable des rivages : la dernière vague qui passe efface les traces de la vague précédente, et les impressions d’aujourd’hui font oublier les impressions d’hier.

La petite orpheline, aimée, choyée, caressée, devient vive et joyeuse. La pâleur de ses joues fait place à l’incarnat, la gaité pétille dans ses prunelles jusqu’alors pleines de tristesse. Dans son heureuse insouciance, elle s’ébat comme les éphémères capricieuses qu’un rayon du matin fait naître et qu’un souffle du soir em-