Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/59

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crut devoir refuser. La conversation continua de plus en plus animée. Le soir arrivait. Voleurs, habitants et gens de cage soupèrent à La Colombe victorieuse. La vieille Labourique en fut malade de dépit. Debout dans sa fenêtre aux vitres poudreuses, elle épiait l’heure où sortiraient ses habitués oublieux. Elle attendit longtemps.

Picounoc a profité du moment où chacun se déplace, pour aborder la fille de l’hôtelière. Les yeux d’Emmélie l’attirent invinciblement. Il se plaît à regarder les boucles soyeuses de ses blonds cheveux ; il cherche à deviner les appas de sa gorge. Ses regards insolents troublent la jeune fille, et elle se tient à distance. Il lui parle de l’ex-élève. Malgré elle, la blonde enfant rougit. Il veut la questionner ; mais elle se retranche dans un mutisme discret. Il vante les qualités du jeune homme, sa gaité extraordinaire, sa franchise admirable. Ce système réussit mieux. On se plaît toujours à entendre dire du bien de ceux que l’on aime. Emmélie devient bientôt moins défiante et cause plus librement avec le rusé Picounoc.

Petit à petit une flamme nouvelle s’allume