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bethléem

Brisant ses fers honteux, va déployer son aile
Et monter pour jamais jusqu’à la liberté !

Isaïe avait dit dans un cantique insigne :
Les cieux feront pleuvoir la justice sur nous…
Rejeton de Jessé, tu seras comme un signe,
Et les peuples viendront te prier à genoux !
Bethléem, s’écriait Michée, en voyant poindre
Dans les siècles futurs le mystère immortel,
Des villes de Juda, non, tu n’es pas la moindre,
Car c’est de toi que naît le guide d’Israël !

* * *

Par delà Réphaïm, au flanc d’une colline
Qui monte des vallons comme un brillant croissant,
L’on voit une cité, chrétiens, et l’on s’incline…
C’est Bethléem ! C’est là, sur ce rude versant,
Que le Sauveur du monde en cette nuit habite.
Rien ne réveille, au nord, les rochers assoupis.
Au midi, c’est le champ où Ruth, la Moabite,
Était venue, un soir, glaner de blonds épis.

On a vu, tout le jour, monter les caravanes.
Le khan est encombré. Lorsque le soir descend,