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mes vieux pins

Versant comme une pluie, au milieu des soirs calmes,
Leurs chants joyeux, les nids se bercent sur vos palmes.
À vos cimes l’hiver ne semble point peser ;
Le lac vous voit frémir dans son brillant mirage ;
Vos troncs fermes et droits résistent à l’orage,
Quand je vois autour d’eux tant d’arbres se briser.

Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où votre ombre descend nous invite à rêver.
Le sentier où je passe est toujours solitaire.
Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où ma course bientôt, hélas ! va s’achever,
Me paraît toute belle ! Ô l’étrange demeure !
Et pourquoi l’aimer tant, puisqu’il faut que l’on meure !
Puisque le jour fini ne peut se retrouver !…
J’ai soif de l’inconnu, de son profond mystère.
Lorsque les feux du soir dorent vos fronts, la terre
Où votre ombre descend nous invite à rêver.

Mon âme émue, alors, dans une vague d’ombre
Voit glisser un rayon. C’est l’espoir radieux.
Comme dans l’épaisseur de vos grappes sans nombre,
Mon âme émue, alors, dans une vague d’ombre
Voit quelquefois encor sourire un coin des cieux.