Page:LeMay - Les épis (poésie fugitives et petits poèmes), 1914.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
165
alléluia

L’humanité s’élève avec lui dans la gloire ;
Jusqu’à la fin des temps on dira sa victoire
De soleil en soleil.

Alléluia ! La mort était un sombre gouffre
Où venait s’engloutir tout ce qui chante ou souffre.
L’homme vivait sans but et mourait sans espoir.
Il allait, comme au vent du nord s’en va la feuille,
Comme le raisin mûr, que la vendange cueille,
S’en va dans le pressoir.

Le Suprême Ouvrier voyait périr son œuvre.
Le mal nous étreignait de ses longs bras de pieuvre ;
Un égoïsme froid pesait sur les mortels ;
Le Pontife riait de ses pieux symboles,
Et dans son cœur coupable, aux menteuses idoles
Il dressait des autels.

Le temple de Sion, — indignes sacrifices ! —
S’inonde encor du sang des boucs et des génisses,
Mais le bras du Seigneur n’est plus son étançon…
Il s’écroule, et l’offrande impure est rejetée.
Terre, réjouis-toi, le ciel t’a rachetée,
Le Christ est la rançon !