II
Voici l’automne. Il est comme un vieillard agile
Qui descend à grands pas de nos coteaux d’argile,
Avec sur son épaule une gerbe de blé.
Il est comme un ruisseau qui va, souvent troublé
Par le rameau qui tombe ou l’agneau qui s’abreuve,
Se jeter triomphant dans le sein du grand fleuve.
C’est le temps des labours, c’est le temps des guérets,
L’éteule a voilé d’or plus d’un clos, les forêts
Ont dénoué déjà leurs discrètes ceintures.
Dans les champs moissonnés que nos longues clôtures
Enlacent, semble-t-il, comme un traître réseau,
Le travailleur se hâte et l’on voit fuir l’oiseau.
Devant mainte fenêtre un rouet tourne et gronde.
Tancrède labourait. Une lumière blonde
Noyait l’herbe. On eut dit des reflets printaniers.
La terre allait remplir de nouveau les greniers,
Et la paix descendrait dans toutes les demeures.
Tancrède aurait voulu que le jour eut plus d’heures.
Il savait dès longtemps tenir un mancheron.
Cependant quelquefois il lâchait un juron,