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l’église des hurons


Qui donc sera vainqueur dans cette lutte étrange
Entre l’esprit céleste et le spectre maudit ?
Le sourire du nain ou la larme de l’ange ?
Écoutez ce qu’un jour une femme entendit :

Une jeune Huronne allait seule, en silence,
Pleurant le bien-aimé qui ne doit plus venir.
Sous un feuillage épais que la brise balance
Elle vient s’arrêter pour mieux se souvenir.

Comme un saule rompu son pâle front s’incline ;
Ses regards enivrés commencent à languir.
Tout flotte vaguement. Le jour partout décline.
Elle entend des accords qui la font tressaillir :

« C’est en vain que tu veux, démon de la vengeance,
« À ce peuple ravir sa plus chère espérance
« Et le germe sacré de sa douce croyance.

« De ses débris fumants le temple sortira,
« Au-dessus du hameau la croix sainte luira,
« Et sur l’humble parvis le sauvage priera. »

Et ce chant prophétique était comme un dictame
Pour le cœur affligé de la dolente femme.