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les épis

Le monde enténébré crut que tu le trompais,
Que tu dormais toujours sous la pierre des tombes,
Et de tes défenseurs il fit des hécatombes.
La mort dans les tourments, était-ce donc la paix ?

Du levant et du nord, sous d’étranges armures
Arrivent des guerriers. Comme des moissons mûres
Les peuples sont fauchés partout et sans merci.
Des noms suintant le sang déflorent nos annales ;
La luxure s’acharne aux couches virginales…
Ô doux Galiléen, la paix est-elle ici ?

Non loin du toit moussu de l’humble prolétaire,
S’élèvent des palais. Non loin du coin de terre
Que les déshérités arrosent de sueurs,
Fleurissent des heureux les jardins fantastiques.
La paix habite-t-elle, ô Christ ! les fiers portiques,
Ou le chaume éclairé par d’avares lueurs ?

Puis, le savant a dit : La paix, c’est la science ;
C’est le fruit du labeur et de la patience ;
C’est l’œil ardent qui plonge au fond du gouffre noir,
Pour y voir se jouer un rayon de lumière ;
C’est l’esprit qui surprend une cause première,
Au problème incompris où se brisait l’espoir.