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les épis

Adieu à l’an qui fuit


Bel an qui fuis, adieu ! Naguère avec ivresse
J’acclamais ton retour, j’écoutais ta promesse.
De l’aigle ou du Simoun ta course a la vitesse.

Une fleur s’est fanée, et notre froide main
La laisse, hélas ! tomber sur le bord du chemin
Que d’autres, à leur tour, vont parcourir demain.

Le monde est-il meilleur et l’amitié, plus forte ?
À l’homme malheureux que la misère escorte,
Le riche avec plaisir ouvre-t-il donc sa porte ?

La bouche de l’envie est-elle sans venin ?
Le traître rougit-il de son lâche dessein ?
La paix est-elle acquise à tout le genre humain ?

Des princes s’écriaient dans leur orgueil stupide :
Nous règnerons sans Dieu. Notre bras intrépide
Peut défendre nos droits contre un sujet cupide.