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les couronnes

Les couronnes


Il neigeait. On eut dit un grand vol d’ailes blanches.
Le vent chantait un hymne au toit de l’indigent,
Et les flocons légers, qui jouaient dans les branches,
Mettaient aux fauves bois des couronnes d’argent.

Le brouillard tourbillonne avec un bruit de meule.
Il s’enfuit. Le soleil tresse, de ses rayons,
Des couronnes de gemme au manteau de l’éteule,
Au blanc voile des prés, au front nu des sillons.

Et, drapé fièrement de dentelles de glace,
Le ruisseau court là-bas, à travers les cailloux.
S’il s’arrête ou se creuse, on dirait qu’il enlace
Des couronnes d’onyx au fond de ses remous.

Le soleil glisse lent vers l’ombre où tout se noie.
Dans l’immense foyer meurt l’immense tison.