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chez nous


Que le roc sous la vague ait des clameurs d’enclume,
Que l’aviron s’enfonce au fleuve blanc d’écume,
Ou dans l’azur des flots dormants,
Partout où l’Indien promenait sa pirogue,
Sans fatigue et sans peur notre nacelle vogue
Au rythme des couplets Normands.

Nos coquettes cités ont de vivantes rues.
Nos plaines sont sans borne, et le fer des charrues
Ouvre des chemins aux moissons.
Notre fleuve est immense et sa rive est féconde.
Quelle écharpe d’argent pourrait draper le monde
Comme ses flots pleins de frissons !

L’hiver, le ciel est gris, mais les plaines sont blanches ;
Bien des arbres sont nus, mais l’hermine des branches
N’a d’égale sur nul manteau.
Tous les nids sont muets, mais le vent chante aux cimes,
Sur la neige les pieds crissent comme des limes,
Et le cœur bat comme un marteau.

Quand le soleil se lève, au fond des forêts vierges
On voit flamber soudain, comme d’immenses cierges,
Les pins dentelés de verglas ;