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SONNETS RUSTIQUES



L’ORAGE


Une ombre épaisse monte au ciel bleu. L’air s’embrase,
Il passe dans le calme un frisson alarmant.
Soudain l’éclair jaillit. Un affreux grondement
Fait trembler, semble-t-il, la terre sur sa base.

Le nuage grandit. Sur la forêt qu’il rase,
Bientôt, flot ténébreux, il crève lourdement,
Et le ruisseau se change en torrent écumant,
Et la moisson gémit sous le vent qui l’écrase.

Puis, lorsque la tempête a fui vers d’autres lieux,
Le soleil souriant éclaire des ruines,
Et l’on entend chanter les oiseaux oublieux.

Quand, pour chasser loin d’elle un voile de bruines,
L’âme demande un souffle et que l’orage vient,
Elle ne chante pas, mais elle se souvient.