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LES ASTRES



À LA LUNE


Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante,
On dirait que des feux s’allument tout au fond.
Tu donnes un baiser à l’océan profond,
Et l’océan frémit comme une âme vivante.

Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ?
Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous confond.
Sous ton voile brillant comme l’or qui se fond,
N’es-tu qu’un astre mort où règne l’épouvante ?

Donne au toit sans lumière un rayon de pitié,
Au rêve du poète, une aile audacieuse,
Et sur les nids d’amour plane silencieuse.

Tu ne te laisses voir cependant qu’à moitié.
C’est comme nous ici. Blonde lune que j’aime,
Cachons-nous des défauts par ce vieux stratagème ?