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SPORT



LES PUGILISTES


Vive Dieu ! les voici tous deux sur le terrain.
Dans leur cœur angoissé bout une haine étrange.
Se sont-ils jamais vus ?… N’importe, qu’on se range,
C’est le duel aimé du peuple souverain.

Leurs muscles sont d’acier et leur âme est d’airain.
Quelle adresse ! quels coups ! Comme leur chair s’effrange I
Leurs poings lourds tombent dru comme, dans une grange,
Les fléaux des batteurs sur les gerbes de grain.

La colère et l’orgueil ont décuplé leurs forces.
Le sang coule et rougit les faces et les torses.
Quel étau peut broyer comme ces bras humains ?

On entend comme un bruit de forêt qui s’embrase ;
C’est la foule qui clame, approuve et bat des mains…
Mais elle gémira sur un chien qu’on écrase.