Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/137

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sommes ici, et déjà nous avons fait connaissance avec cent figures de coureurs de chemins ! j’aurai un chien pour les empêcher d’entrer ici !…

— La servante ferma la porte et vint me dire qu’elle n’avait rien à me donner. Elle aurait pu s’en dispenser ; j’en avais assez entendu. Cette parole dure me fit tant de mal que je n’osai plus, de toute la journée, demander rien à personne.

— Pauvre vieillard ! des cœurs aussi insensibles sont rares, heureusement, remarqua le jeune homme, mais quelle peut être cette femme inhumaine ? reprit-il, en s’adressant à sa mère.

— Je ne la connais point, répondit Noémie. Je sais que dernièrement une famille s’est établie à la rivière du Chêne, la famille Gagnon.

À ce nom, le mendiant leva la tête.

— Mais j’ai de la peine à croire, continua-t-elle, que ce soit madame Gagnon qui traite ainsi les pauvres, car on dit qu’elle est très pieuse. Elle vient à l’église deux ou trois fois par semaine, ne manque pas un office et donne à la quête du dimanche.