Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/14

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— Voilà la plus étrange affaire, reprit Victor, que j’aie jamais vue ! c’était donc une conspiration contre votre ami ? un piège infâme, mais habilement tendu ?…

— Oui, monsieur, c’était tout cela…

— C’est une cause magnifique, et que j’aurais du plaisir à défendre… mais où trouver des preuves de ce que vous avancez, ou plutôt de la ruse dont on s’est servie pour tromper votre ami ?…

— Des preuves ? je n’en connais point… rien que l’honnêteté du meurtrier…

— Ce n’est pas assez.

— Et si le meurtrier était convaincu d’avoir tué cette femme, sans qu’il pût prouver que c’est par suite d’une erreur et d’une embûche criminelle tendue à sa bonne foi ?

— Il serait condamné…

— À mort ?

— À mort !

Le front rembruni du grand-trappeur s’inclina, une légère pâleur couvrit sa figure.

— Mais, dites donc, est-ce qu’il n’a pas été arrêté, votre ami ? demanda le jeune homme.

— Non, monsieur… il s’est sauvé…