Page:LeMay - Picounoc le maudit, Tome II, 1878.djvu/71

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trailles ; un éclair jaillit de ses paupières, et il s’appuya un moment sur le cadre de la porte, puis la stupéfaction calmée, il s’inclina de nouveau pour écouter…

— Je vendrai la terre et j’irai te rejoindre, disait Noémie…

Il n’eut pas besoin d’en entendre plus long. Honteux d’avoir été la dupe du chasseur, fou de colère à la pensée de cette femme qui lui échappait pour toujours, pour retomber dans les bras de celui qu’elle aimait, il s’éloigna chancelant. Mais, ayant entendu des voix et le bruit des pas de quelques personnes qui venaient, il longea la maison et se cacha au coin, derrière. Là il vit des rayons qui sortaient à pleine fenêtre et s’en allaient dormir sur les feuilles du verger voisin : Voyons ! se dit-il, est-ce bien lui ? Et, s’approchant de la fenêtre, il plongea son œil avide et cruel dans la maison. Il eut un grincement de dents effroyable…

— Je serai vengé ! gronda-t-il et, aveuglé par la rage il alla se heurter au tronc d’un arbre : Maudit ! recule-toi donc ! grinça-t-il, et il frappa du poing l’arbre inoffensif. Il reprit le chemin de sa demeure, et, en s’en allant, il