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Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/113

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PICOUNOC LE MAUDIT.

bois ici ? — il montrait un tas de rondins de bois franc, jetés près de la clôture, en dehors — on l’aura oublié.

Djos se pencha, prit un rondin et le fit tournoyer au bout de son bras.

— Cela frapperait bien, dit-il.

— Oui, mais un peu trop fort… ça pourrait tuer, repartit Picounoc, et il sortit du jardin.

Djos était ahuri.

— C’est peut-être un tour, pensa-t-il… Il sait que je suis jaloux et s’amuse à mes dépens… pourtant c’est un bon ami et il ne m’a jamais trompé… Ah ! la malheureuse ! si elle vient ! — et il brandissait son bâton — je me vengerai ! un mari outragé a bien le droit de se venger…

Il attendait depuis assez longtemps, et n’était pas loin de croire à une mystification, quand il entendit parler et vit deux personnes s’avancer par le sentier. Il sentit le froid courir dans ses veines et se mit à trembler. Il éprouvait l’angoisse horrible du condamné qui aperçoit l’échafaud. Peut-être même eut-il moins souffert s’il eut marché à la mort ; car il y a quelque chose de plus douloureux, de plus désespérant que la mort, c’est le